Covid-19 : les coiffeurs sont ouverts, incompréhension esthéticienne à domicile Marseille Fermé et salons de beauté qui le sont aussi
Les coiffeurs sont ouverts dans les zones confinées en France, mais pas les salons d’esthétique. Ils crient à l’injustice. Le gouvernement étudie la question.
Les salons d’esthétique doivent annuler tous les rendez-vous et expliquer à leurs clients qu’ils sont fermés à cause de la pandémie de coronavirus. Une situation vécue comme une injustice par les professionnels et leur clientèle, car les salons de coiffure sont ouverts malgré les nouvelles mesures de restrictions. Le secteur craint que certains instituts ne survivent pas à cette nouvelle fermeture.
Des milliers d’emplois menacés
“On est entre 15 et 35% de chiffre d’affaires en moins. Aucune entreprise ne peut se permettre de perdre autant sans avoir des décisions difficiles à prendre”, explique Régine Ferrère, vice-présidente de la Confédération nationale de l’esthétique et de la parfumerie. Selon l’Insee, 550 000 salariés exercent dans les salons de beauté. Les professionnels réclament plus d’aides pour maintenir ces emplois.
Coronavirus : les coiffeurs et les esthéticiennes se considèrent comme “les oubliés” de la crise sanitaire et économique
Un institut de beauté
Dans le centre-ville d’Orléans, Rose Gouaisbault a, elle-ausssi, fermé son institut de beauté le lundi 16 mars. Elle a bien été obligée d’appliquer les directives même si elle regrette de l’avoir appris par la télévision et de façon aussi brutale. Elle attend d’ailleurs toujours une directive officielle. “Fermer, ne serait-ce qu’une journée, est pour ma “petite entreprise” de 4 salariés un manque à gagner difficilement supportable. J’ai des salaires, un loyer, des charges… à payer.”
Le lundi 16 mars, toutes ses employées sont venues travailler, elles ont procédé à un grand nettoyage de l’institut puis elles sont rentrées chez elles et l’esthéticienne a fermé son institut, triste, mais en se disant qu’elle réouvrirait deux semaines plus tard… Elle a dû appeler tous les clients/clientes qui avaient rendez-vous pour leur dire que l’institut avait fermé. “Certains n’avaient pas compris, ils ont même insisté pour venir faire des soins… car ils commençaient à s’ennuyer à la maison !”
Elle a ensuite contacté son comptable et lui a demandé d’entreprendre les démarches pour obtenir la prime de 1500 euros. Une fois les charges payées (les salaires, la TVA, les impôts, un loyer de 1400 euros), sa trésorerie a fondu comme neige au soleil. D’autant qu’elle a, elle aussi, mis ses salariées au chômage partiel. Mais voilà, sa comptable a eu des difficultés pour faire la demande, les sites étant pris d’assaut. Les démarches ont pris du retard et elle ne sait donc pas quand elle sera remboursée des salaires versés. Sa banque a stoppé les échéances de deux emprunts et a effectué un report de 6 mois. Cela lui permettra de soufler un peu.
Je ne sais pas comment je ferai fin avril Je compte sur le remboursement du chômage partiel pour avoir un peu de trésorerie Je gère les problèmes au jour le jour Je ne peux pas anticiper, c’est angoissant J’essaie de rester optimiste, je me dis que lorsque tout cela sera terminé, les clients auront besoin qu’on les chouchoute. Nous allons beaucoup travailler. Les clients nous appellent pour nous dire : on reste fidèles !
Après des études de biochimiste avec une spécialisé en arôme, parfum et cosmétique, Rose Gouaisbault a travaillé quelques années en recherche et développement de produits cosmétiques pour un grand groupe de parfumeurs puis elle a eu envie de faire des soins. Elle a obtenu un BTS esthétique et a repris cet institut il y a 15 ans.
Aujourd’hui c’est un coup dur. En tant que chef d’entreprise, je me suis beaucoup investie pour mes clients. J’ai aussi beaucoup investi financièrement. Il va falloir relever la tête et aller de l’avant.
Pour Pascal Roussel, président de l’Union Nationale des Entreprises de Coiffure (UNEC) de l’Indre, la situation de certains coiffeurs va être très compliquée, notamment pour ceux qui n’ont pas beaucoup de trésorerie. Car, si tous ont mis leurs salariés au chômage partiel, ils ont dû payer les salaires de mars (alors qu’il leur aura manqué la moitié du chiffre d’affaires pour ce mois). Ils attendent que l’Etat rembourse mais tous ne pourront faire l’avance des salaires à la fin du mois d’avril.
L’Unec informe que la BPI peut attribuer un prêt (qui représente 25 % du CA de l’année précédente) pour renflouer la trésorerie. Mais c’est un prêt qu’il faudra rembourser sur 5 ans ou le rendre si on en a pas eu besoin.
A son compte à Châteauroux depuis 15 ans, il vient tout juste de recevoir l’aide de 1 500 euros : il devrait pouvoir ainsi se verser un salaire (ou une partie) à la fin du mois d’avril.
Dans l’Indre, on compte 200 coiffeurs. Pascal Roussel se fait le relais de l’UNEC et transmet les informations utiles à ses confrères.
Les coiffeurs qui ont souscrit l’assurance pour la perte d’exploitation ne recevront rien de leur assureur car mais voilà, la crise sanitaire ne rentre pas dans les modalités des contrats.
Que faire quand une entreprise a des problèmes de trésorerie et ne peut faire face à ses charges ?
Un report des cotisations URSSAF est possible : les employeurs dont la date d’échéance URSSAF intervient le 15 du mois peuvent reporter tout ou partie du paiement de leurs cotisations salariales et patronales pour l’échéance du 15 mars 2020. La date de paiement de ces cotisations pourra être reportée jusqu’à 3 mois. Aucune pénalité ne sera appliquée.
L’obtention ou le maintien d’un crédit par Bpifrance : depuis le 2 mars 2020, la délégation régionale de Bpifrance a mis en place un accueil dédié (N° vert : 09 69 37 02 40) pour répondre aux demandes d’aides destinées à surmonter les difficultés exceptionnelles liées aux conséquences du COVID-19.
La suspension des emprunts : les entreprises peuvent demander à leurs banques un report des prochaines échéances de prêts. Le décalage de 3 à 6 mois peut être accordé.
La TVA est pour l’instant toujours à déclarer et à payer. La DGFIP (Direction Générale des Finances Publiques) ne prévoit rien pour les reports de paiement en ce qui concerne la TVA. Les services de l’Etat sont mobilisés pour faciliter les formalités et les remboursements si besoin dans l’intérêt des entreprises.
Une aide de 1 500 euros
Les entreprises en difficulté de 10 salariés ou moins peuvent bénéficier de l’aide du fonds de solidarité. C’est un fonds financé par l’Etat et les régions pour les travailleurs indépendants, les micro-entrepreneurs, les commerçants, les artisans, les professions libérales ainsi que les sociétés et les associations qui exercent une activité économique et remplissant.
Il faut remplir les conditions suivantes :
Les aides seront versées aux entreprises qui ont fait l’objet d’une interdiction d’accueil du public ou ont perdu plus de 50% de leur chiffre d’affaires en mars 2020 par rapport à mars 2019.
Le chiffre d’affaires annuel doit être inférieur à 1 million d’euros et le bénéfice annuel imposable doit être inférieur à 60 000 euros sur le dernier exercice.
Les entreprises doivent faire une déclaration sur le site des impôts pour recevoir l’aide défiscalisée d’un montant de 1 500 €. (ou une aide égale à leur perte de chiffre d’affaires si celle-ci est inférieure à 1 500 euros).
La demande d’aide devra être réalisée par voie dématérialisée, au plus tard le 30 avril.